Sortir et s’en sortir? Parcours de santé et vulnérabilité de détenus qui vivent avec le VIH ou une hépatite C en Ile-de-France

15 décembre 2016 - Source : INED

Une enquête sociologique de Meoïn Hagège (EHESS, INED, 2016) disponible en archives ouvertes.

Résumé : La santé des personnes détenues et sortant de prison est un problème de santé publique peu étudié. À partir du cas d’hommes qui vivent avec le VIH et/ou une hépatite C en Ile-de-France, la thèse entend éclairer les parcours de vie et de santé avant, pendant et après l’incarcération. Ces parcours ont été construits à partir d’une enquête sociologique en trois volets (observation, séries d’entretiens biographiques et questionnaires). Conduite en prison et en ville, l’enquête permet de décrire les expériences de prises en charge et le travail des professionnels du médico-social. L’hépatite C est vécue et traitée comme étant moins grave que le VIH, ce qui explique que les reports de traitement de l’hépatite C sont plus fréquents et les expériences de la maladie, moins éprouvantes et moins stigmatisantes. Les interruptions de traitements sont courtes et imbriquées dans le travail d’ajustements pluriels qu’entreprennent les patients, pour faire face à l’épreuve de la sortie de prison. Ces ajustements concernent les démarches laborieuses d’accès aux droits et aux soins mais aussi l’expérience incorporée de la sortie, l’insertion relationnelle et l’insertion par le travail. Les interactions entre les sortants, leurs proches et les professionnels qui les prennent en charge sont prises dans des rapports de domination imbriqués. L’assujettissement se conjugue à la responsabilisation des sortants pour produire à la fois des injonctions à intérioriser des normes de santé et des injonctions à se prendre en charge et devenir responsable. Enfin, les parcours de ces hommes et ces femmes sont inscrits dans un processus de progression de la vulnérabilité sociale, exacerbée par la séropositivité, les incarcérations et les ajustements de la sortie de prison. La sortie est vécue comme un moment liminaire dans les parcours, de passage entre la prison et la ville. Sa temporalité est particulière : construite autour des activités et les relations d’aide plutôt que par le temps chronologique linéaire, la sortie est pleine d’incertitude et semble se prolonger sans fin.

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