SEXSI : les nouveautés du centre de documentation

Le centre de documentation
et le catalogue SEXSI

Le centre de documentation de l’Observatoire du sida et des sexualités est spécialisé dans la prévention du VIH/IST et plus largement, les questions de santé, de sexualité et de genres, de races et de migration. Cette documentation est mise à disposition des professionnel·les de terrain et scientifiques du domaine de la promotion de la santé à travers un espace de consultation, situé dans les locaux de l’Université libre de Bruxelles.
Les ouvrages disponibles au centre de documentation sont répertoriés dans le catalogue SEXSI.

Centre de documentation de l’Observatoire du sida et des sexualités

ULB – Campus du Solbosch
Avenue Antoine Depage, 30
1000 Bruxelles
Bâtiment D
9ème étage
Bureau DC9 206
E-mail : observatoire-sidasexualites@ulb.be
Tél : +32 2 650 30 55

Nouveautés (juin 2021)

L’avortement dans l’Union européenne : acteurs, enjeux et discours

L’avortement dans l’Union européenne: acteurs, enjeux et discours de Bérangère Marques-Pereira, 281 p., 2021

Acte médical aux implications sociales, psychologiques et émotionnelles multiples, l’avortement constitue un enjeu socio-politique à part entière. L’accès au droit à l’interruption volontaire de grossesse (IVG) fait l’objet de tensions, d’oppositions et de conflits entre acteurs ou courants d’idées aux positions parfois extrêmement antagoniques. Si l’Europe est le continent où l’accès à un avortement sûr et légal semble le plus se rapprocher des recommandations médicales et sanitaires internationales, les autorités de plusieurs pays remettent cet accès en cause. De manière générale, les tentatives de restrictions, abouties ou non, mettent en lumière la possible réversibilité du droit d’accès à l’IVG. Par conséquent, celui-ci demeure un enjeu de débat public et politique très sensible. Cet ouvrage compare le régime légal de l’avortement dans les différents pays de l’Union européenne et l’effectivité de son droit d’accès, et il retrace l’évolution du débat politique en Belgique. Cet examen met en lumière à quel point la revendication du droit à l’avortement et la reconnaissance institutionnelle de ce droit sont façonnées par une panoplie d’interventions de réseaux d’acteurs nationaux et internationaux. Sont ainsi analysés les positions et le cadrage des enjeux opéré par les acteurs se proclamant pro choix ou bien pro vie, dont le Saint-Siège. Par ailleurs, l’ouvrage analyse le décalage qui existe entre l’approche en termes de citoyenneté adoptée par les recherches portant sur les droits reproductifs et sexuels et le langage des droits humains auquel recourent les activistes pour se légitimer comme interlocuteurs dans la délibération politique et pour justifier leurs revendications. Cet ouvrage apporte un regard inédit et comparatif au public francophone tout à la fois sur les discours et sur les pratiques qui prévalent en matière de droit à l’avortement à travers l’Europe.

De la démocratie en pandémie : santé, recherche, éducation

De la démocratie en pandémie : santé, recherche, éducation de Barbara Stiegler, Paris, Gallimard, 2021

La conviction qui nous anime en prenant aujourd’hui la parole, c’est que plutôt que de se taire par peur d’ajouter des polémiques à la confusion, le devoir des milieux universitaires et académiques est de rendre à nouveau possible la discussion scientifique et de la publier dans l’espace public, seule voie pour retisser un lien de confiance entre le savoir et les citoyens, lui-même indispensable à la survie de nos démocraties. La stratégie de l’omerta n’est pas la bonne. Notre conviction est au contraire que le sort de la démocratie dépendra très largement des forces de résistance du monde savant et de sa capacité à se faire entendre dans les débats politiques cruciaux qui vont devoir se mener, dans les mois et les années qui viennent, autour de la santé et de l’avenir du vivant.

Généalogies des corps de Donna Haraway Féminismes, diffractions, figurations

Généalogies des corps de Donna Haraway Féminismes, diffractions, figurations de Nathalie Grandjean, Éditions de l’Université de Bruxelles, 2021

Cet ouvrage propose un commentaire généalogique sur la question du corps dans les travaux de la biologiste et philosophe féministe des sciences Donna Haraway. En réponse à la vieille question spinozienne de « ce que peut un corps », Haraway fabrique des corps comme des constructions singulières, natureculturelles, rendues possibles par l’achoppement de la matérialité et de la discursivité, dont la métaphore et la figure sont lesvéhicules. À partir des figures d’Haraway comme le cyborg, le chien et l’espèce compagne, de nouvelles narrations permettent d’envisager les modes d’encorporation et l’exercice de mise en catégorie sous un angle relationnel. Mais chercher et penser les corps dans le travail d’Haraway possède aussi un caractère militant : il s’agit de rendre compte de la spécificité de corps élaborés théoriquement dans une démarche féministe ainsi que de la singularité des corps harawayéens, afin de faire advenir l’agentivité de celles et ceux qui avaient d’abord été défnis comme corps, et par là, avaient été invisibilisés comme êtres.

Le sexe des modernes : pensée du neutre et théorie du genre

Le sexe des modernes : pensée du neutre et théorie du genre de Eric Marty, Paris, Seuil, 2021

Disjoindre le sexe et le genre est un geste éminemment moderne, théoriser cette dissociation l’est plus encore. Ce livre est d’une certaine manière l’histoire de ce geste. Il nous mène des grandes entreprises déconstructrices de la Modernité des années 1960-1980 jusqu’au triomphe contemporain de la théorie du genre : de Sartre, Lacan, Deleuze, Barthes, Derrida ou Foucault jusqu’à Judith Butler. Pourtant, parce qu’il s’agit d’un objet aussi fuyant que précieux, le sexe des Modernes est aussi un révélateur. Loin d’être tout à fait commun aux deux espaces intellectuels que sont l’Europe et les États-Unis, il est peut-être témoin de leurs divisions : disputes, équivoques, héritages détournés, et guerres silencieuses ou avouées… Il s’agit ici non seulement d’éclairer des doctrines récentes que la confusion des temps travaille à obscurcir, mais d’explorer ce qui s’est déplacé au tournant des XXe et XXIe siècles entre le continent européen et le continent américain. Transmission ou au contraire fracture ? Car le moment est venu d’interroger le partage du sexe et du genre sous l’angle de son histoire puisque cette histoire est la nôtre, et sans doute plus que jamais.

Céder n’est pas consentir : une approche clinique et politique du consentement

Céder n’est pas consentir : une approche clinique et politique du consentement de Clotilde Leguil, Paris, PUF, 2021

« Céder n’est pas consentir. » Cela semble une évidence. Il faut affirmer l’existence d’une frontière entre « céder » et « consentir ». Pourtant, il existe quelquefois une proxi mité dangereuse entre les deux. Le consentement en effet comporte toujours un risque : jamais je ne peux savoir à l’avance où celui-ci me conduira. Se pourrait-il dès lors que le consentement laisse la voie libre au forçage ? L’expérience de la passion, l’angoisse dans le rapport à l’autre, l’obéissance au Surmoi peuvent brouiller la frontière au sein même du sujet entre le consentement et le forçage. À partir de l’actualité du mouvement #MeToo et du récit de Vanessa Springora, Clotilde Leguil explore les racines subjectives du consentement. Depuis la psychanalyse, elle montre que le désir n’est pas la pulsion et que la confrontation au forçage laisse une marque ineffaçable. Pourquoi ne puis-je rien en dire une fois que celui-ci a eu lieu ? Comment à nouveau consentir à dire ?

La vie psychique du racisme : 1. L’empire du démenti

La vie psychique du racisme : 1. L’empire du démenti de Livio Boni et Sophie Mendelsohn, Paris, La Découverte, 2021

S’il n’est plus cautionné par la biologie ou l’anthropologie, comme il l’était à l’apogée de la période coloniale, le racisme est loin d’avoir disparu. Son énigmatique persistance puise ses ruses et ses raisons dans l’inconscient et dans les effets de croyance qui l’accompagnent. Ce livre part à la recherche des traces d’une vie psychique collective héritière d’une histoire largement tributaire des grands partages coloniaux, rendue illisible dans notre actualité postcoloniale.
Pour s’orienter dans ces voies parfois tortueuses, il a fallu miser sur l’apport sous-estimé d’Octave Mannoni. Philosophe venu tardivement à la psychanalyse, il a évolué pendant un quart de siècle dans les colonies avant d’entamer un processus de « décolonisation de soi » coïncidant avec une tentative de décrire l’envers inconscient de la scène coloniale : sa cruauté mais aussi ses fragilités intimes, donnant à penser leurs effets de longue durée tant chez les anciens colonisés que chez les anciens colonisateurs.
En redonnant une visibilité à ce trajet, ses échos, ses critiques et ses reprises, les auteurs explorent à partir de la mécanique du démenti les ressorts inconscients du racisme. Se dessine ainsi une histoire mineure de la psychanalyse française, qui avait affaire à la question raciale avant même que Fanon s’en saisisse ouvertement, et que Lacan annonce, une fois le cycle des décolonisations achevé, que « le racisme a bien de l’avenir ».

De l’inégalité des vies

De l’inégalité des vies de Didier Fassin, Paris, Fayard, 2020

En faisant dialoguer philosophie morale, théorie critique et anthropologie, Didier Fassin propose une nouvelle intelligibilité du monde social et un nouveau regard sur les « politiques de la vie ». « Il y a, d’un côté, la vie qui s’écoule avec un commencement et une fin, et de l’autre, la vie qui fait la singularité humaine parce qu’elle peut être racontée. On pourrait ainsi parler de vie biologique et de vie biographique. L’espérance de vie mesure l’étendue de la première. L’histoire de vie relate la richesse de la seconde. L’inégalité des vies ne peut être appréhendée que dans la reconnaissance des deux. Elle doit à la fois les distinguer et les connecter. Les distinguer, car le paradoxe des femmes françaises montre qu’une vie longue ne suffit pas à garantir une vie bonne. Les connecter, car l’expérience des hommes afro-américains rappelle qu’une vie dévalorisée finit par produire une vie abîmée. C’est ainsi que se pose également la question des réfugiés et des migrants. »

Les filles qui sortent : jeunesse, prostitution et sexualité au Maroc

Les filles qui sortent : jeunesse, prostitution et sexualité au Maroc de Mériam Cheikh, Bruxelles, Éditions de l’Université de Bruxelles, 2020

Au Maroc, l’expression « filles qui sortent » désigne celles qui fréquentent les night-clubs et les bars la nuit pour gagner leur vie. Au-delà du fait prostitutionnel, le « sortir » renvoie aussi plus largement aux distances qu’une partie de la jeunesse féminine des classes populaires prend avec les normes, la moralité et la respectabilité. Loin d’être confiné à la marginalité, le sortir joue sa partition dans les métamorphoses de l’ordre sexuel et intime dans un contexte d’essor de l’économie du divertissement et d’accroissement des inégalités. Y émergent de nouvelles valeurs qui remettent en cause les régimes moraux et juridiques tout en réaffirmant l’ordre hétérosexuel. Cohabitant avec une dizaine de jeunes femmes engagées dans le sortir à Tanger, Mériam Cheikh a mené une ethnographie longitudinale sur sept ans. À l’intersection de la génération, du sexe et de la classe, elle analyse des trajectoires où se succèdent socialisations familiale et scolaire, élaboration de la sexualité et insertions professionnelle et matrimoniale. Les Filles qui sortent. Jeunesse, sexualité et prostitution au Maroc revient sur l’expérience dans le sortir, de l’engagement au désengagement, croisant anthropologie urbaine, anthropologie économique et anthropologie du droit.

L’adoption en Communauté française

L’adoption en Communauté française, par Aurélie Aromatario, Louise de Morati et Kenzo Nera, Courrier hebdomadaire n° 2482, CRISP, 2020

Ce Courrier hebdomadaire dresse un état des lieux qualitatif et quantitatif de l’adoption en Communauté française. L’approche est centrée sur les acteurs et sur les dispositifs de l’adoption. En particulier, l’objectif est de déterminer si les candidats à l’adoption rencontrent plus ou moins de difficultés à voir aboutir leurs démarches selon la catégorie à laquelle ils appartiennent (à savoir les couples de sexes différents, les couples de même sexe et les personnes célibataires) et, le cas échéant, de relever les mécanismes institutionnels ou sociétaux à l’origine des différences constatées. Notamment, il s’agit d’examiner dans quelle mesure la loi du 18 mai 2006 autorisant l’adoption par les couples de même sexe a effectivement contribué à ouvrir l’accès de ces profils conjugaux à la parentalité adoptive. L’étude présente le cadre institutionnel et légal de l’adoption en Communauté française, détaille la procédure d’adoption et livre quelques statistiques générales. Elle se complète par un bref regard sur la situation prévalant en Communauté flamande.

Les discriminations fondées sur le sexe, l’orientation sexuelle et l’identité de genre

Les discriminations fondées sur le sexe, l’orientation sexuelle et l’identité de genre, sous la direction de Daniel Borrillo et Félicien Lemaire, Paris, l’Harmattan, 2020

Grâce au droit européen, le genre, l’orientation sexuelle et l’identité de genre ont enrichi l’arsenal juridique français. Si l’affirmation du principe d’égalité constitue une exigence ancienne, la lutte contre les discriminations est récente. Le mouvement féministe et l’activisme LGBTIQ ont tenté de modifier le droit en permettant non seulement l’égal accès aux institutions (mariage, filiation ou état civil), mais aussi en interrogeant la nature sexiste et l’hétérosexualité implicite de la norme juridique. En analysant l’évolution du droit national, des jurisprudences des Cours européenne et interaméricaine des droits de l’homme, mais également à l’étude comparée, cet ouvrage vient combler une lacune dans le paysage académique français : y sont abordés les violences faites aux femmes, les injures homophobes, ou le changement du sexe à l’état civil.