SEMINAIRE 2022-2023

16 octobre 2022

Le sujet et le sexuel

L’Observatoire du Sida et des Sexualités présente son nouveau cycle de séminaires  pour l’année 2022-2023 : « Le sujet et le sexuel ».

Inscrit depuis deux ans au sein de la Faculté de Sciences Psychologiques et de l’Education de l’ULB, notre souhait est cette année de mettre en avant la collaboration avec les différents membres de la Faculté et aussi de porter à la réflexion les thématiques de notre centre de recherche sous le prisme des sciences psychologiques.

Dans un dialogue transdisciplinaire, le séminaire propose une articulation de questions concernant les personnes minorisées en genre, sexualités et/ou race et leurs enjeux spécifiques en matière de santé, de violences entre partenaires et d’addictions.

Comment le sujet existe dans le contexte de la criminalité sexuelle sur internet ? Le rapport sexuel existe-t-il ? Quelle place pour le sujet dans l’action publique en matière de prévention de la santé ? Comment le sujet peut être rendu absent par le regard des divers expert·e·s, professionnel·le·s, militant·es ou même académiques ? Ou encore, comment le concept de ‘corps’ se modifie avec les réalités virtuelles ?

Toutes les séances se dérouleront sous la formule « Eat & Think » : un petit-déjeuner ou un goûter accompagnera nos échanges et réflexions. Les séances auront lieu sur le Campus du Solbosch à l’Université Libre de Bruxelles ; la participation aux séances est gratuite mais l’inscription obligatoire ici.  

Programme

Séance 1 – 06 octobre 2022 – de 13h à 15h salle: S.AY2.114 salle: UB2.132

Wecare: quel dispositif de soins de santé pour les minorités de genre et de sexualités ?

par Isabelle Gosselin – Discutant : Salvatore D’Amore

Suite aux revendications communautaires LGBTQIA+ lors de la Pride de 2021 en termes de santé, nous évaluons les intérêts et freins pour la création d’une maison de santé spécifique pour les personnes minorisées en genres et sexualités, maison de santé inclusive et intersectionnelle. Cette recherche-action menée auprès des acteur.ice.s de terrain : les associations communautaires de santé mais également les professionnel.le.s de Suite aux revendications communautaires LGBTQIA+ lors de la Pride de 2021 en matière de santé, nous évaluons les intérêts et freins pour la création d’une maison de santé spécifique pour les personnes minorisées en genres et sexualités, maison de santé inclusive et intersectionnelle. Cette recherche-action menée auprès des acteur·ice·s de terrain : les associations communautaires de santé, mais également les professionnel·le·s de santé à Bruxelles, s’appuie sur la méthodologie du ‘focus groupe’. Les notions de santé spécifique, inclusion, intersectionnalité, espace (plus) safe, stigmatisation, formation des professionnel·le·s y sont déployées en vue de penser une manière de réduire les inégalités sociales de santé des publics minorisés en genre et sexualités.

Séance 2 – 10 novembre 2022 – de 10h à 12h salle: S.AW.120

Réflexions sur le·s masques du criminel sexuel sur internet: de la dissimulation à la tentative de subjectivation

par Aude Ballion – Discutant : Jérôme Englebert

L’interface numérique apparait comme un terrain propice au développement de nouvelles infractions, notamment à caractère sexuel. Les recherches majoritaires actuelles s’attachent à donner un visage aux « consommateurs » de pédopornographie pour mieux les appréhender. Toutefois, d’autres auteurs d’infractions apparaissent comme plus difficiles à identifier, car masqués lors de leurs échanges avec leurs victimes. Une fois les infractions commises, ils retournent dans l’anonymat et l’immensité du web. Pour autant, tels des fantômes, il reste leur nom, l’histoire/légende de ce personnage-avatar, sous les traits duquel ils se sont présentés à leur interlocuteur. Pour notre part, nous avons choisi de nous intéresser à ce que ces sujets ont pu placer d’eux-mêmes dans ces contextes transgressifs à travers ce masque autant occultant que révélant. En effet, ils pouvaient dans cet univers numérique être tout ce qu’ils voulaient. Aussi, nous nous sommes intéressés à l’histoire et à l’évolution de ces identités numériques à travers le récit de leurs créateurs. De ces récits énoncés, qui se réalisent dans l’après-coup du passage à l’acte transgressif et qui nous permet un pas de côté inédit, nous avons pu constater combien cette manière de se montrer, de se dire et de se faire exister pouvait être intimement liée aux conflits à l’œuvre chez ces individus, à la fonction prise par ce numérique dans leur histoire, ainsi qu’à leur manière de s’inscrire dans le lien à autrui. Autant d’éléments pouvant laisser envisager l’identité numérique dans ces contextes comme une possible alliée dans l’aide à la prise en charge (thérapeutique, judiciaire…) de ces sujets auteurs de violences sexuelles en ligne. 

Séance 3 – 15 décembre 2022 – de 15h à 17h salle: S.H.3242

Le miroir érogène: le rapport sexuel existe-t-il?  

par Ariane Bazan – Discutante : Cécile Glineur

Parmi les nombreuses critiques à l’adresse de la psychanalyse est celle du tout sexuel : par la lorgnette psychanalytique tout serait considéré comme sexuel. La critique est intéressante. En effet, si le sexuel est d’importance constitutive pour penser l’humain, il s’agit de proposer une façon de le saisir, qui implique aussi de le saisir en contraste avec un supposé non-sexuel. Bref, la question en introduction à cette présentation sera frontale : que veut dire ‘sexuel’ ? Ensuite, les résultats de recherche sur ledit ‘miroir érogène’ seront évoqués. Des résultats précédents (Tsakiris et al., 2018), qui reflèteraient nos pratiques érotiques, montreraient que finalement nos caresses et nos actes sexuels entre partenaires seraient plutôt symétriques, tant et si bien qu’un véritable miroir existerait. Existerait-il donc après tout, et malgré la mise en garde de Jacques Lacan, un rapport sexuel ? Nos propres résultats, qui ne sondent pas les pratiques, mais les fantasmes, cassent-ils le miroir ? Ce sera l’objet de cette présentation.

Deuxième trimestre

Séance 4 – 16 mars 2022 – de 14h à 16h. salle: info à venir

We, sex and fun ? Transgression, théâtralisation, excès de soi et culture gay. Le chemsex en Belgique 

par Sandrine Detandt – Discutant : Pierre Bonny

Le chemsex se définit comme la consommation d’une combinaison de substances psychoactives en contextes sexuels, à deux ou à plusieurs partenaires, principalement des hommes. Si l’association entre drogues et sexualité est ancienne, le terme (polysémique) est relativement récent et les recherches commencent à se multiplier à partir des années 2010 en Europe. Nous pouvons dès lors nous interroger sur la création du « chemsex » comme nouvelle catégorie épistémique qui, tout en étant une forme de pratique de l’excès de soi et de la performance, répond aussi aux enjeux de biotechnologisation des corps dont ces hommes s’emparent. Nous appuyant sur une recherche qualitative longitudinale (N=39) avec des hommes s’identifiant comme chemsexers en Belgique et étant pour la majorité sous PreP (prophylaxie pré-exposition au VIH), nous investiguerons les formes inédites d’auto-support qui émergent, dans un jeu perpétuel de limites et périls de soi, entre médicalisation de la sexualité et perte de contrôle. Ces hommes créent des pratiques de réduction de risque, dans lesquelles les nouveaux paradigmes de prévention combinée jouent un rôle important, redéfinissant les masculinités et d’autres façons de prendre soin de soi et des autres. 

Séance 5 – 27 avril 2023 – de 14h à 16h. salle: info à venir

Femmes ignorées, femmes ignorantes? Le nœud genre, sexualité et race et ses effets dans l’épidémie de VIH/sida

par Sarah Demart & Charlotte Pézeril – Discutant :

L’objectif de cette contribution est de discuter la manière dont les femmes comme sujet sexuel sont prises en compte, ou non, dans la production des savoirs sur l’épidémie de VIH/sida, du point de vue médical et militant. En mobilisant les outils de la littérature féministe (Treichler, 1988 ; Patton, 1994 ; Tuana, 2004 ; Fricker, 2007) et des race studies (Mills, 1997 ; Sullivan and Tuana, 2007 ; Essed, 2005 ), on examinera la manière dont le genre, la sexualité et la race co-produisent de manière active une ignorance des femmes comme « public » (y compris dans le cadre des essais cliniques) face au VIH mais aussi comme « militantes » et « expertes ». Cette contribution à deux voix est basée sur des données empiriques récoltées séparément à partir d’enquêtes socio-anthropologiques portant premièrement sur l’histoire des mobilisations associatives dans la lutte contre le VIH/sida en Belgique (Pezeril, 2016, 2018) et deuxièmement la manière dont les femmes d’ascendance africaine sont rendues absentes du secteur de promotion de la santé sexuelle en Belgique (Demart, 2021 ; Demart et Gérard, 2022). 

Séance 5 – 25 mai 2023 – de 14h à 16h. salle: S.UB2.139

Les pathologies du vide : exemple du « sexe vide »

par Elsa Godart – Discutant : Pascal Chabot

Explorant et analysant l’émergence de néo-comportements apparus suite à nos différents usages avec la virtualité, je voudrais poursuivre mon exploration de la psychopathologie de la vie hyper- et cybermoderne à partir de la question du « vide ». Il s’agira plus précisément d’analyse cette catégorie spécifique du « vide » qui se distingue du seul champ dépressif. 

SOIREE DE CLOTURE

le 13 juin 2023 à partir de 18h00 en collaboration avec TelsQuels asbl

Séminaire 2021-2022 de l’Observatoire du sida et des sexualités

Inscription

COORDINATION
Isabelle Gosselin
Giulia Olyff
Lena Terrando

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(PDF – 123 Ko)

PROGRAMME EN BREF:

06 octobre (13h-15h) salle: S.AY2.114 Wecare: quel dispositif de soins de santé pour les minorités de genre et de sexualités?
par Isabelle Gosselin
Discutant : Salvatore D’Amore

10 novembre (10h-12h) salle: S.AW.120
Réflexions sur le(s) masque(s) du criminel sexuel sur internet: de la dissimulation à la tentative de subjectivation
par Aude Ballion
Discutant : Jerôme Englebert

15 décembre (15h-17h) salle: S.H.3242 Le miroir érogène: le rapport sexuel existe-t-il?
par Ariane Bazan
Discutante: Cécile Glineur

16 mars (14h-16h) salle: info à venir
We, sex and fun ? Transgression, théâtralisation, excès de soi et culture gay. Le chemsex en Belgique?

par Sandrine Detandt
Discutant: Pierre Bonny

27 avril (14h-16h) salle: info à venir Femmes ignorées, femmes ignorantes? Le nœud genre, sexualité et race et ses effets dans l’épidémie de VIH/sida
par Sarah Demart & Charlotte Pezeril
Discutante: Marie Meudec

25 mai (14h-16h) salle: S.UB2.139 Les pathologies du vide: l’exemple su « sexe vide »
par Elsa Godart
Discutant: Pascal Chabot

En pratique

Toutes les séances auront lieu sur le campus du Solbosch à l’Université Libre de Bruxelles.

Participation libre sur inscription en cliquant ici

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