Résumé
Cet article examine la résistance afro-belge aux procédures de recherche en sociologie et plus particulièrement l’émergence récente de demandes de compensation et de politiques de citation des militants en tant que condition sine qua non de participation à des dispositifs académiques. Fondé sur une ethnographie de longue durée menée au sein des cercles antiracistes afro-belges (2011-19), l’article montre que les résistances militantes, qu’elles donnent lieu ou non à des revendications politiques, ont à voir avec l’implication coloniale de la sociologie et plus généralement de la science. Dans le prolongement des études postcoloniales/noires/féministes et des recherches indigènes décoloniales, l’article analyse la manière dont les politiques académiques de citation et de compensation à l’endroit des militants antiracistes pourraient être considérées comme des interventions décoloniales. Dans le contexte de recherches impliquant des groupes dont le militantisme est intrinsèquement lié à une domination politique et épistémique, le paradigme de la « protection » des personnes sur lesquelles porte la recherche (via des procédures d’anonymisation), apparaît non seulement insuffisant, mais problématique. L’intervention décoloniale devrait en ce sens être abordée non seulement sous l’angle d’une coproduction des connaissances (recherche participative/décoloniale/antiraciste), mais également, en termes de politiques de copropriété des données/connaissances.
Pour citer ce document
Demart, S. (2022). Afro-Belgian activist resistances to research procedures: Reflections on epistemic extractivism and decolonial interventions in sociological research. Current Sociology, 0(0). https://doi.org/10.1177/00113921221105914.
