« Sciences, Savoirs et Sociétés »

Dans le cadre du XXIIe Congrès des Sociologues de Langue Française « Sciences, Savoirs et Sociétés », tenu à Ottawa du 8 au 12 juillet 2024, l’OSS a été représenté par Ioannis Koliopanos (Yagos).

Yagos a présenté sa recherche en cours sur la qualité de vie des PVVIH de plus de 50 ans dans le cadre le cadre du colloque « Produire des connaissances sociologiques sur le vieillissement aujourd’hui : nouveaux défis, nouveaux enjeux » organisé par le Comité de Recherche 06 (CR06 : Parcours de vie et vieillissement), et plus spécifiquement lors d’une session intitulée « Vieillissement et politiques publiques ».

De même, Yagos a contribué une communication à trois voix (avec Sarah Demart et Sandrine Detandt) intitulée « Les politiques du savoir au sein de l’Observatoire du sida et des sexualités (Belgique) : un exercice de réflexivité collective » au colloque « Fabrique et politique des savoirs sur la sexualité » organisé par le CR 39 (Sociologie des sexualités) lors d’une session intitulée « Perspectives historiques ».

Par la suite, Yagos a intégré les deux comités respectifs en tant que membre du bureau, démarche propice à davantage d’échanges et collaborations futures avec des chercheur.euses et des institutions francophones qui s’emparent des questions de vieillissement, de santé et de sexualité.

Les multiples défis d’une recherche inédite sur VIH et vieillissement en Belgique

par Ioannis Koliopanos


Cette communication propose de rendre compte des défis d’une enquête sociologique qualitative auprès de personnes ayant plus de 50 ans et vivant avec le VIH (PVVIH50+) en Belgique. Cette recherche se penche sur un sujet qui, paradoxalement, relève à la fois de l’impensé (dans la mesure où aucune recherche n’existe sur ce sujet en Belgique, contrairement à d’autres pays notamment francophones comme la France et le Canada) et d’une réalité de plus en plus prégnante (alors que les PVVIH50+ ne représentaient que 19% de l’ensemble des patient.e.s en Belgique en 2006, ils sont 43% en 2020). Plusieurs défis se posent, d’abord en ce qui concerne les sujets eux-mêmes : en termes d’état de santé (comorbidités, effets secondaires du traitement à long terme, handicap, etc.), de qualité de vie (accès aux institutions, santé mentale et sexuelle, rapport à la famille, etc.) et de lutte contre les inégalités et les discriminations. Ensuite, en termes de cadrage théorique, puisque cette recherche se déroule au sein de l’Observatoire du sida et des sexualités, centre de recherche résolument pluridisciplinaire (psychologie, anthropologie, sociologie). Enfin, en termes de co-construction des savoirs auprès de personnes concernées que leur âge plus avancé est susceptible de constituer en « patient·e·s expert·e·s » mais également auprès d’acteurs politiques dans un contexte d’hégémonie médicale où la lutte contre le VIH/sida est très largement requalifiée en secteur de promotion de la santé sexuelle.

Les politiques du savoir au sein de l’Observatoire du sida et des sexualités (Belgique) : un exercice de réflexivité collective
Par Ioannis Koliopanos, Sarah Demart et Sandrine Detandt

Fondé en 2001 par François Delor, sociologue et psychanalyste, chercheur et militant, l’OSS est d’emblée à l’intersection de diverses disciplines et modes de production des savoirs. Qu’en est-il plus de 20 ans après la mort de son fondateur ? Comment hériter des concepts élaborés dans un espace-temps situé et à partir d’un engagement académique et militant qui a été déterminant dans la structuration du secteur de la lutte contre le VIH/sida en Belgique francophone ? Dans le sillage du triple standpoint de Delor, on cherchera à voir dans quelle mesure nos épistémologies et méthodologies s’inscrivent et jusqu’à quel point, dans la vision de Delor ou au contraire, s’en éloignent. Cette communication à trois voix (Sarah Démart, Sandrine Detandt & Yagos Koliopanos) vise à ouvrir un dialogue transdisciplinaire sur la manière dont l’Observatoire hérite de la figure de Delor. Il s’agira de réfléchir à la question de l’engagement public des chercheurs au sein de la lutte contre le VIH/sida aujourd’hui très largement requalifié en secteur de promotion de la santé sexuelle. D’un point de vue théorique, on cherchera à voir quels liens tisser entre la pensée de Delor et des perspectives plus intersectionnelles de l’étude des sexualités, du VIH et du militantisme dont l’Observatoire pourrait aujourd’hui se réclamer. Ces liens doivent en effet s’envisager dans le contexte spécifique de la promotion de la santé publique qui garantit aujourd’hui la pérennité financière de notre institution.