« Ne laisser personne à la marge: l’accès à la prévention et aux soins liés au VIH en Belgique »
En 2024 les 16, 17, 18, 19 avril dernier, l’Observatoire du sida et des sexualités était présent à la édition de l’AFRAVIH à Yaoundé, Cameroun.
Christian Dongmo & Sandrine Detandt
Avec un nombre de 51 nouveaux diagnostics par million d’habitants, la Belgique ne compte pas parmi les mauvais élèves en matière de prévention et de prise en charge du VIH, bien au contraire. Elle a d’ailleurs atteint les objectifs 95.95.95 fixés par ONUSIDA pour 2030. Ces résultats masquent cependant les difficultés du système de santé belge à couvrir les besoins des personnes vulnérables. Pour les membres des Stratégies Concertés (programme de concertation autour des IST dont le VIH et le VHC en Belgique francophone), il était nécessaire de réaliser un état des lieux sur l’accès à la prévention et aux soins liés au VIH afin d’identifier les dysfonctionnements et agir sur les freins à un accès inconditionnel à la santé pour les publics vulnérabilisés.
Trois grands moments ont été utiles à la réalisation de cet état des lieux : une clarification du concept d’accès aux soins, une analyse de la littérature, la collecte et l’analyse des données. La recherche a débuté en juin 2021 par une matinée d’étude réunissant les professionnel·les, les chercheur·ses et acteur·rices psycho-médicosociaux. Elle visait à clarifier la problématique et à envisager des pistes de plaidoyer. Un Groupe de Travail s’est ensuite chargé de résumer les ouvrages pertinents sélectionnés. La synthèse bibliographique a ensuite été rédigée. 21 entretiens sémidirectifs ont fourni des témoignages et décrit la réalité de terrain. La rédaction du rapport final a été prise en charge par l’Observatoire du Sida et des Sexualités et soumis à une relecture et une validation des membres du réseau de concertation.
Ce travail permet d’affirmer la complexité des réponses apportées aux enjeux d’accès aux soins. Malgré les dispositions légales, certaines catégories de personnes continuent à faire face aux lourdeurs administratives, à la non prise en compte de leurs besoins globaux, aux difficultés liées à la communication ou encore à la discrimination. Les expériences qu’ont les patient·es du système de santé (temps d’attente, temps consacré par le·la prestataire, clarté des explications, possibilité de poser des questions, etc.), lisibilité de l’organisation du système de soins et bonne circulation de l’information entre les prestataires de soins ne facilitent pas cet accès aux soins. Il est par ailleurs difficile pour ces personnes de prioritiser leurs besoins médicaux au regard de leur situation administrative, de logement, des autres problèmes de santé, voire de santé mentale.
Pour conclure, nous nous interrogeons sur la possibilité de faciliter l’accès aux soins sans la prise en compte d’autres besoins, sans une vie de qualité. L’approche holistique de la santé, qui suppose de ne pas se focaliser uniquement sur la maladie et le traitement, mais de considérer les principes de la promotion de la santé est apparue centrale pour faciliter l’accès aux soins des personnes rendus vulnérables.

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