Note de lecture : HIV interventions: Biomedicine and the traffic between information and flesh

Résumé

Note de lecture de l’ouvrage de Marsha Rosengarten, HIV interventions: Biomedicine and the traffic between information and flesh, University of Washington Press, 2009.

Auteur

Vladimir Martens (Observatoire du sida et des sexualités)

Pour citer ce texte

Vladimir Martens, Compte rendu de l’ouvrage de Marsha Rosengarten HIV interventions: Biomedicine and the traffic between information and flesh, octobre 2011.

HIV interventions: Biomedicine and the traffic between information and flesh, Marsha Rosengarten, University of Washington Press, 2009.

Depuis l’apparition des traitements antirétroviraux (ARV) à la fin des années 1990, le sida n’est plus, du moins pour les 30% de patients ayant pleinement accès aux traitements, la conséquence inévitable du VIH. Sida et VIH ont ainsi été dissociés [decoupled]. A travers son livre, Marsha Rosengarten conçoit cette dissociation comme faisant partie d’un processus dynamique dans lequel tant la nature du VIH que celle de son traitement et de sa prévention sont altérées et s’affectent mutuellement. Elle poursuit une finalité ambitieuse : réinterroger les objets de la science du VIH pour pouvoir, à partir de là, repenser tant les interventions cliniques que préventives.

Les avancées médicales permettent de mieux connaître le virus et ses chances de réplication mais elles sont également productives en ce qu’elles génèrent de nouvelles préoccupations sur les plans médical et préventif, en particulier au sujet des effets secondaires des traitements. Ces effets indésirables se marquent à deux niveaux interreliés: le niveau biologique (la chair, [flesh]) et le niveau social (l’information).

En mobilisant diverses références théoriques contemporaines et en les combinant pour s’en servir comme grille de lecture de plusieurs études de cas, Rosengarten s’efforce de défaire la distinction apparente entre « information » et « chair » qui selon elle pourrait compromettre la pertinence de l’analyse et l’efficacité des interventions. Elle envisage une relation coextensive entre ces deux termes, par laquelle l’information transforme la chair et la chair transforme l’information. Afin d’illustrer son propos, elle prendra divers exemples puisés parmi les enjeux actuels majeurs auxquels font face les activistes et les professionnels engagés dans la lutte contre le VIH : la question des effets secondaires et de la résistance aux traitements (chapitre 2), le rôle joué par les firmes pharmaceutiques dans l’information relative aux traitements (chapitre 3), la diversification des stratégies de réduction des risques mises en œuvre par les gays (chapitre 4) ou encore les limites des catégories telles que le genre ou la race/l’ethnie pour expliquer des différences dans la réaction aux traitements de différents hôtes du VIH (chapitre 5). Ces notes se concentreront sur son analyse des implications cliniques (effets secondaires et résistances) et préventives (stratégies de réduction des risques), et se termineront par un très bref aperçu des autres chapitres.

(…)